1V’là l’repos claqué, quel’ guigne !Quel business dégueulbi,Ah ! sacré putain d’fourbi !Va falloir r’monter en ligneEt se taper du secteur,Ça m’fout déjà mal au cœur !2Vit’ les gars ! Qu’on se cavaleEn douc’ chercher du pinardPour occir ce coup d’cafard !V’la l’mercanti qui râleDe nous vendre — ah ! sal’ cochon ! —Son rougeot trois francs l’bidon.3Fais-nous grâce de tes prières,Pass’ viv ment un camembertPas trop fait, j’aim’ pas les vers.Tu l’as dit qu’c’est la vie chère,Trent’ cinq ronds, vrai ! c’est donné !Ce from’gi zigouille mon prêt !4Merd’ le juteux qui radine !« Allons, grouillez-vous les gas !Bouclez vite tout votr’ barda ! »— Tirez échelle ! on se débineDu grenier au vieux croquantQui vous engueule en partant !5Dans les autos, on se tasseEn voulez-vous des harengs !Dieu ! qu’ça tape là-dedans !Le benzol picote les chasses,Et l’tuyau d’échappementLanc’ des gaz asphyxiants.6Ou va-t-on ? Vrai, tu nous sonnesAvec tes sacrés percotsDe branleurs et de cuistots !Pourvu que c’soit pas la Somme !Ça t’pend au train plus sûr’mentQue d’revoir ce soir Panam’.7Roul’ dessus, gi, c’est un cogne !Ten fais donc pas pour son lard,Faudra qui fond’ tôt ou tard.N’y aurait qu’eux pour la besogne,C’est Bibi qui te le disQu’les Boch’ seraient à Paris !8L’auto s’arrête… On débarquePour repartir aussitôt,Un coup d’sifflet. Sac au dos !Où vas-tu, ma pauvre barbaque ?Qui chemine lentementComm’ pour un enterrement.9Le temps s’est fait dégueulasse,Malheur ! C’est donc fait exprèsQue l’Bon Dieu s’met à pisserPour chaque montée, quel’ poisse :Et ça pèt’ t-il le canon,V’la Boche qui joue au c.. !10La nuit arrive, on se glisseAvec peine dans l’boyauQui, c’est couru est plein d’eau !Un trou m’en fout jusqu’aux cuisses,Vas-y vieux, on les aura !Les pieds gelés. Et ça bich’ra !11On est crevé, on s’arrête,On repart. cahin-caha.C’est bon ! M’en fait pas un plat !Faits passer : Douc’ment en têteEt puis fais passer aussiQu’on en a tous marre ici !12Une relève ! La v’la, profanes !On est harassé, fourbu,Chacun en a plein son c..C’est loin du bourrag’ de crâneDes mecs qui, les pieds au chaud.Débloquent dans les journaux !
La Somme, 1917