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La Chanson des 8 heures

Bercy, Léon de


Texte de Léon de Bercy (1906). Musique par Anne de Bercy.


1
Chaque fois qu’on doit, Compagnons,
Entamer à nouveau la lutte,
Songez-y bien, nous ne gagnons
Le terrain que l’on nous dispute
Que lorsque nous savons unir
Tous les efforts de notre cause :
Le Peuple ne peut obtenir
Des Pouvoirs que ce qu’il impose.
 
(Refrain)
Travailleurs, travailleurs, puisque nous désirons
Vivre en des circonstances meilleurs,
N’accordons désormais par journée aux patrons
Rien que Huit heures !
 
2
Nos Huit Heures, si nous voulons,
Aux fusillades de Fourmies,
De Cluses, Limoges, Chalon,
À leurs bourgeoises infamies,
À tous les crimes de jadis,
Opposer la saine concorde,
Le Premier Mai 1906,
Il faudra qu’on nous les accorde !
 
3
Nos Huit Heures, c’est le début
De la victoire sociale ;
C’est le premier pas vers le but
Où tend l’action syndicale !
Nos Huit Heures, c’est, en bornant
Solidairement notre ouvrage,
En procurer incontinent
Aux Camarades en chômage.
 
4
Nos Huit heures, c’est s’employer
À restreindre nos servitures ;
C’est trouver à notre foyer
Le temps de fécondes études ;
Nos Huit Heures, c’est le loisir
De penser à ce que nous sommes ;
C’est affirmer et ressaisir
Ainsi notre dignité d’hommes.
 
5
Nos Huit heures, c’est pour demain
La rupture des lourdes chaînes
Qui barrent encore le chemin
Des Libertés enfin prochaines !
Nos Huit Heures, c’est en finir
Avec la morgue patronale
C’est préparer pour l’avenir
La Révolution finale !

Fourmies. Fusillade de Fourmies, le 1er mai 1891, la troupe tire sur la foule, faisant 9 morts.
Cluses. Conflit ouvrier de 1904 ; 3 manifestants sont tués, et 39 autres blessés, par les fils du patron.
Limoges. Grèves de février-mai 1905 à Limoges.
Chalon. Grève de Chalon-sur-Saône : le président du Conseil Waldeck-Rousseau envoie la troupe le 2 juin 1900 qui tue trois ouvriers. Jean Jaurès en tire « Justice », un éditorial dans La Petite République du 19 octobre 1900, lors de procès en conseil de guerre de trois gendarmes qui ont tiré sur les grévistes.


Chanson de propagande écrite à la demande de la CGT (Confédération générale du travail) pour la journée du 1er mai 1906.

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 43).