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La Trinité du jour

Marie “Père Lapurge”, Constant


Texte de Constant Marie “le Père Lapurge” (≤1910).


1
La trinité chrétienne est morte
Un jour le bon sens la tua.
Que la camarde au ciel emporte
Tous les croquants qu’elle englua.
Sa sœur athée affreuse ogresse
L’or, le pouvoir et la noblesse,
Mérite aussi le même sort
La trinité du jour, à mort !
 
2
Son temple se nomme la Bourse
Et son grand Dieu le Capital.
Né pour asservir dans sa course
L’homme avec ses ronds de métal.
Pour t’affranchir classe exploitée
Va pic en main, en révoltée,
Vers ses autels à coffre fort
La trinité du jour, à mort !
 
3
Nous en sortirons des timbales,
Au chiffre de chaque unité ;
Pour boire entre races rivales
Le vin de la fraternité.
Politiciens et gens de guerre
N’ayant plus à troubler la terre
De la paix tiendront le record
La trinité du jour, à mort !
 
4
Alors on verra l’harmonie
Étendre ses dons bienfaisants ;
Sur l’universelle patrie
Nous proclamant tous ses enfants ;
L’amour à l’ombre des charmilles
Réunira garçons et filles
Pour se choisir, loin du veau d’or.
La trinité du jour, à mort !
 
5
Pour atteindre ce but suprême
S’il faut répandre notre sang ;
Avec la torche pour emblème
Nous marcherons d’un pas pressant.
Qui sait si la chair à mitraille
Ne lèvera dans la bataille
Sa crosse en l’aire sublime effort.
La trinité du jour, à mort !

Paru aussi in : le nº 3 de La Chanson aux chansonniers (1909).

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 51).