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Le Prolétaire : chant d’un déshérité

Voglet, Prosper


Texte de Prosper Voglet (≤1880).


1
Il est puissant, le prolétaire,
Quand, à son heure, il le saura,
Gare au régime autoritaire !
Une ère nouvelle viendra.
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
2
Pour jamais, on l’avait plongé
Dans la nuit et dans l’ignorance ;
Les efforts l’en ont dégagé :
Premier signe de sa puissance.
Désormais vers un temps meilleur,
Marche à grands pas le travailleur.
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
3
Pour conserver l’autorité,
Des tigres, à figure d’homme,
Traitent la peuvre humanité
Ainsi qu’une bête de somme.
Mais les peuples républicains
Terrasseront leurs fiers Tarquins.
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
4
Au nom de la religion
Ils ont alimenté la tombe.
Sur terre, pas de région
Qui n’ait vu sa vaste hécatombe.
Mais d’où plane la liberté,
Fuit la vaine crédulité.
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
5
Des ; larrons, des spoliateurs,
Par la fourberie et la guerre,
Au détriment des producteurs
Se sont approprié la terre.
Mais à la collectivité
Reviendra la propriété.
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
6
Ouvrier, relève ton front,
Tu ne subiras plus la tâche,
Que dis-je ? le cruel affront
D’engraisser l’oisif et le lâche.
Seul, tu jouiras des trésors
Dus à tes bras nerveux et forts !
 
Il est puissant, le prolétaire !
 
7
Au flambeau du libre-examen,
L’ardent amour du droit fermente,
Et pour sauver le genre humain
Suscite encore une tourmente,
Vils oppresseurs, pour vous punir,
Les déshérités vont s’unir.
 
Il est puissant, le prolétaire,
Oh ! quand son heure sonnera,
Sachez-le tous, grands de la terre,
Votre débâcle arrivera.
Il est puissant, le prolétaire !

Paru aussi in : Le Drapeau rouge : organe de la Ligue collectiviste-anarchiste (1880-1880), nº 3 (29 févr. 1880 = 11 ventôse an 88).