Les ouvriers agricoles de la Brie viennent de ce mettre en grève pour la première fois.
1La grande plaine aux épis blondsComme une mer ondule ;Autour des fermes, pour les patrons,Pandore déambule.En Brie, c’est un événement,La grèv’ des travailleurs des champs.(Refrain)Eh hue dia huo !Entendez-vous par les entiers,Dans les halliers,Les faucheurs et les moissonneursContre leurs exploiteurs !2Que veul’t-ils donc ces vagabonds,Ces feignants, ces ivrognes ?Dis’ les maîtres aux teints rubiconds,Aux vermillonnes trognes.C’est assommant en vérité,D’faire du bien on est dégoûté.3Heureus’ment que l’gouvernementNe veut pas qu’on attenteÀ nos vingt-cinq mille francs par anChez l’préfet on fréquente.Et pour les mettre à la raison,En plus on envoie du dragon.4N’empêch’ que les gas du terroir,Qui sont des prolétairesComm’ ceux d’ailleurs, n’ont qu’à vouloirÀ être solidaires,Pour plus coucher à l’écurie,Pour plus manger de viande pourrie.5Ils trouv’t aussi qu’on sait se f… d’eux,Quand pour l’année entièreCinq cents francs soit assez pour eux.Alors que la fermièreEmpile, sans le moindre effort,Tant et tant de veaux écus d’or.6L’éveil des forçats de la terreEst tout plein de promesse ;C’est encore rudimentaire,Quand y s’ront à la r’dresse,Leurs frères des villes ils rejoindront,Alors, plus ce ne sera long.
Rozoy-en-Brie, 26 juillet 1907