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Juste retour

Chaughi, René


Texte d’Henri Gauche [René (≤1905). Sur l’air « Tout comme les autres » (ca 1895) mus. par Gaston Maquis, sur un texte de Fernand Disle.


1
Toi dont le bras s’appesantit
Sur nos reins, dirigeant immonde,
Les peuples ont toujours pâli
Depuis que tu mènes le monde.
Combien dureront nos amours
— Amours d’hyène et de tigresse ?
Tu jures de régner toujours,
Mais la foule est parfois traîtresse.
 
2
Le pouvoir des grands n’a qu’un temps,
Il s’enfuit comme le printemps.
Fragiles bonheurs que les vôtres !
Aujourd’hui, fous, désespérés,
Nos cœurs, nos corps sont déchirés ;
Demain, bourgeois, vous trimerez
Comme les autres !
 
3
Gouvernant fourbe, près de toi
Il n’est que honte et que dommage.
Sans pain, sans idéal, sans toit,
L’esclave fuit sa propre image.
Patience ! rien n’est fini.
La race humaine est toujours verte,
Et l’espérance a fait son nid
Dans la vieille maison ouverte.
 
4
Le pouvoir des grands n’a qu’un temps,
Il s’enfuit comme le printemps.
Fragiles bonheurs que les vôtres !
Qui que tu sois, gouvernement
Qui nous adores follement,
Tu nous trahiras sûrement
Comme les autres !
 
5
Lourds chagrins et maigres bonheurs,
Tel est le lot du prolétaire.
Grands fous qui donnons nos sueurs
En pâture aux rois de la terre !
Mais lassés de leurs trahisons,
Ayant nos outils dans la pogne,
Nous dirons crûment nos raisons
Et cognerons, s’il faut qu’on cogne.
 
6
Le pouvoir des grands n’a qu’un temps,
Il s’enfuit comme le printemps ;
Fragiles bonheurs que les vôtres !
Contre le vieux joug inhumain,
À notre tour, ce soir, demain,
Nous marcherons, main dans la main,
Comme les autres !

Paru aussi in : Almanach illustré de la révolution pour 1906, 1905 (p. 57).