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Le Chant des trimardeurs

anonyme


Texte anonyme (1892). Sur l’air : « Le Tour de France ».


1
Nous partons tous faire le tour du monde,
Quand nous manquons de travail et de pain,
Et cependant, notre terre féconde
Toujours assez, pour tout le genre humain.
Nos exploiteurs veulent jouir sans cesse,
Dans tous nos maux, ils trouvent un plaisir ;
Nous travaillons pour créer la richesse,
Et de misère il nous faudrait mourir ?
 
(Refrain)
Allons debout ! les Trimardeurs !
Tous les hommes enfin, veulent l’indépendance ;
Supprimons donc nos exploiteurs,
Afin d’avoir le droit de vivre dans l’aisance.
 
2
Démolissons l’hydre capitaliste,
Qui porte entrave à notre liberté ;
Établissons le travail communiste,
Sur les débris de la propriété.
Quatre-vingt-neuf abolit le servage,
Pour nous laisser sous le joug des bourgeois ;
Révoltons-nous contre cet esclavage !
Soyons égaux, nous aurons tous les droits.
 
3
Elle a forgé l’infâme bourgeoisie,
Des préjugés pour mieux nous avachir ;
Organisant et famille et patrie…
Deux entités dont il faut s’affranchir.
Notre patrie, à nous, sera la terre.
Les travailleurs veulent s’entendre entre-eux ;
Et la famille, alors, sans la misère,
Réunira tous les humains heureux.
 
4
Bourgeois voleur, ignoble parasite !
Boursicotiers, trafiqueurs, gouvernants !
Noirs calotins, avec votre eau bénite,
Disparaissez du monde des vivants !
Nous ne voulons plus ni valet ni maître,
Plus de sauveurs ! le meilleur ne vaut rien ;
Mais nous voulons notre part de bien-être,
Et l’Anarchie est pour nous un moyen.

Paru dans la série à « cinq centimes » sans musique de François Brunet (Paris, 1892).

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 99103