1Les traits tirés, le ventre creux,En bande ils vont les loqueteux.Misère et Désespérance :Les passants, en s’écartant d’euxLes toisent avec arrogance.Où vont-ils donc de leurs pas lents ?Ils vont en quête de pitance,Les Errants !2Courbés sous le poids du destin,Toujours en bulle à l’incertain,Pour eux il n’est rien d’équitable !On les poursuit soir et matin,Ainsi qu’un gibier redoutable,Et ballottés par tous les vents,Ils vont, chaos épouvantable,Les Errants !3Sont-ils méchants, ou sont-ils bons ?On les nomme les vagabonds,Ce mot si cher aux imbéciles ;Les loups affamés font des bonds !Tandis que ces gueux sont dociles,Craintifs, soumis, indifférents,Sans haine, ils vont vers les asilesLes Errants.4Resteront-ils toujours ainsiCes gueux que l’on fouaille à merci ?Travailleurs chassés des usines ;Ah ! je puis affirmer ceciUn jour viendra, quand les machines,Auront grossi leurs contingents,Las, ils dresseront leurs échines.Les Errants.5Malgré vos prisons et vos loisJamais vous ne pourrez, bourgeois !Endiguer le flot populaire,En songeant aux jours d’autrefois,Craignez des sans-pain la colère !Revanche des récalcitrants,Ils vous traîneront à l’ornièreLes Errants !!!
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Les Errants
Bernard, Georges
Texte de Georges Bernard (≤1902).
Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 8e année, nº 13 (7-14 févr. 1902).