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La Chanson des claqueurs de bec

Marsolleau, Louis


Texte de Louis Marsolleau.


1
De janvier jusqu’en décembre,
Tout le long de l’an qui court,
Notre gîte est une chambre,
Tout en haut et sur la cour.
Tondus vifs par les probloques,
Nourris de mauvais pain sec
Et vêtus de vieilles loques,
Nous claquons toujours du bec.
 
2
La Dette est une potence
Qui nous étrangle avec soin,
Après toute une existence
De travail et de besoin,
Nous possédons peau de balle
Et balai de crin avec !
Tu manges, bon cannibale ?
Nous claquons toujours du bec !
 
3
Après tout, c’est notre faute !
Car plus notre ventre est creux
Et moins notre tête est haute :
Les affamés sont peureux !
D’autres luisants de ripailles,
S’endorment sur le bifteck ;
Nous nous mourrons sur la paille,
En claquant toujours du bec !

Paru aussi in : Le Libertaire, 4e série (1899-1901), in 8e année, nº 16 (1er-8 mars 1902).