Au camarade Ernest Girault
1Quel est ce bruit ? et pourquoi ces clameurs ?Entendez-vous ? au loin l’orage gronde,L’éclair a lui, l’on entend des rumeurs ;Un tremblement épouvante le monde,Le vent s’élève, et là-bas, au couchant,La nue éclate et l’on perçoit le chantDes va-nu-pieds, clamant le droit de vivre.(Refrain)La masse ouvrièreFuit ses galetas ;Son cri de misèreA sonné le glas ;Et l’écho qui vibreAux points cardinauxRedit : « Tous égaux !Place à l’homme Libre. »2Qu”ils sont nombreux ! En rangs serrés ils vontDroit devant eux et sans chef qui les guidentCar ils sont las de supporter l’affront,Pour leur bonheur, tous ces gueux se décidentLeur flux, montant en bonds tumultueuxA tout sapé dans ce jour de bataille :Dogmes et lois, aux replis monstrueuxGisent épars, brisés par la canaille !Au refrain3Les parias toujours matriculésOnt donc enfin appris à se connaître ;Et, de tous points, ils se sont rassemblés,Ne voulant plus avoir : « Ni Dieu, ni Maître. »Sous les rayons brûlants de Messidor,Des temps nouveaux se lève la semence,Et les humains, parmi les moissons d’or,En ce beau jour fêtent leur délivrance.