À Étienne Charles.
Ironiques et joyeuxCoureurs de pantalonnades,Pour la gaîté de vos yeux,Pierrot, maitre en pasquinades,Vient d’ouvrir en plein Paris,Dans des locaux gigantesquesOù l’on pénètre gratis,Le Muséum des Grotesques.En ce vaste promenoirL’ami Pierrot vous convieÀ venir, en foule, voirTous les bouffons de la vie :Vieilles belles et vieux beauxÀ l’accoutrement burlesque,Cachant sous leurs oripeauxLeur vieillissement grotesque.Riches bourgeois parvenus,Portant fausses particulesEt nimbant leurs fronts cornusDe couronnes ridicules ;Magots caparaçonnésDe jupes carnavalesques,Jugeant les emprisonnésDans des parades grotesques.Législateurs, faux Catons,Lycurgues problématiquesSe posant en PhaétonsDu char de la République ;Vieux retrousseurs de juponsAux appétits romanesques,Cloîtrant leurs désirs friponAu sein de lignes grotesques.Artistes de taux talentSacrifiant au vulgaire,Rampant et capitulantDevant le « Nerf de la guerre » ;Ratés des lettres, des arts,Censeurs méchants, pédantesques,Exhalant en cris de jarsDépit et bile grotesques.Pour la gaîté de vos yeux,Coureurs de pantalonnades,Entrez donc chez le joyeuxPierrot, maître en pasquinadesOn peut pénétrer gratisDans ses locaux gigantesquesOù l’on voit le « Tout-Paris »Vrai Muséum des Grotesques.