II ne faut pas qu’on puisse voir une soule personne mendiant son pain, à Paris, pendant l’Exposition.
(Programme de la Bouchée de pain.)
1L’Exposition s’apprête,Les richards de tout pays,Chez nous viennent faire fête,(Nous en sommes envahis.)Ô Peuple ! ta misère affreuseAurait pu les épouvanter,La bourgeoisie accapareuseCraint de te voir te révolter,Elle joue à la généreuse.Peux-tu songerÀ t’insurgerContre une aussi bonnePersonne ?Pour sauver le garde-mangerOn te donneUn os à ronger.2La Bourgeoisie, âpre goule,Buveuse de sang humain,Prend soudain peur de la fouleDes gueux, des crève-la-faim,La bonne Dame effarouchée,Croyant obtenir son pardon,De ce discours est accouchée :« Peuple, tu meurs de faim, prends doncDe pain cette maigre bouchée. »Peux-tu songerÀ t’insurgerContre une aussi bonnePersonne ?Pour sauver le garde-mangerOn te donneUn os à ronger.3Ô ! quelle ironie amère !Le voleur offre au voléD’atténuer sa misère,Et l’autre en est consolé !Mais, peuple crétin ! peuple bête !Prends donc tout ! car tout est à toi ;Refuse l’aumône incomplète,Hardiment, impose ta loiEt viens prendre part à la fête !Si ton sang bout,Allons ! debout !Brise le vieux mondeImmonde !Si ta patience est à bout,À la rondePeuple ! prends donc tout !