Pour être capable de recevoir il suffit d’être conçu.
Code civil
Dans l’humble obscurité des cachots utérins,L’être, futur enfant, porte une queue aux reins,Tout comme les anthropoïdes ;Ce n’est qu’un frisson d’être, un souffle, un rudiment ;Mais, ô flancs féminins, tonneaux des DanaïdesTout, en vous, tout s’engouffre insatiablement ;Et ce mortel embryonnaire,Il peut être millionnaire !Il est, dit Demolombe, habile à recevoir.Il est pourvu de droits et nanti d’un avoir.Autour de lui tout se dépense,L’or roule, sonne et fond ; mais lui n’a pas encorD’encéphale ; il attend des yeux, c’est une panseSur qui s’immobilise un flot de rayons d’or ;À peine est-il embryonnaireQu’il est déjà millionnaire.Bien heureux qu’il ne sache encore, le vainqueurCe qu’il est ! Un orgueil féroce enflant son cœurPourrait faire éclater sa mère.Penses donc ! au soleil il a déjà du bien,Quand le soleil pour lui n’est que pure chimère !Il est propriétaire avant d’être chrétien !Absolument embryonnaire.Et néanmoins millionnaire.Quel sort ! toi, cependant, qui marches, bien denté,Homme accompli, robuste en ta virilité,La tète obstinément féconde,La misère t’a pris en son étroit licou ;Tu peux mourir, cerveau, meurs, fais faillite au mondeCar ton génie et ta vigueur n’ont pas le sou ;Mais à l’état embryonnaireOn peut être millionnaire.