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Soir d’été

Michel, Louise


Texte de Louise Michel (1873 ?).


Par les beaux soirs d’été l’ombre est légère et douce ;
La brise va chantant, sur l’onde et sur la mousse,
Ô nuit ! ô rêve ! ô rossignol !
Un souffle chaud emplit la montagne et les plaines ;
Le voyageur, repose et l’aile des phalènes
Le touche à peine dans son vol.
 
Le flot dort sur la rive et l’insecte dans l’herbe ;
Le voyageur a mis sa tête sur la gerbe
Ô calme des mers ! paix des champs !
Dormez, ô prés ! ô bois ! dormez, ô vastes ondes !
Dans le ciel, sur la terre, et dans les mers profondes ;
Nul bruit, ni d’ailes. ni de vents,
 
À cette heure du soir, avec d’âpres haleines
Monte l’odeur du chaume, arraché dans les plaines ;
Sous l’ardeur du soleil d’été :
Au vol capricieux se balance le rêve ;
Au hasard il s’en va, comme un chant sur la grève.
Pressant son vol en liberté.
 
Mais les niaoulis tordus dans la tourmente.
Plus que le chanvre encore ont une odeur puissante
Plus forte et plus douce pourtant,
Pareille aux coudriers chargés pour les abeilles.
Une poudre d’or tombe en milliers de parcelles
Au pied des arbres au tronc blanc.

Paru aussi in : L’Attaque : organe socialiste révolutionnaire de la jeunesse (1888-1890), nº 2 (27 juin-4 juillet 1888).