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Frimaire

Grandidier, Louis


Texte de Louis Grandidier (≤1898).


Il fait frisquet, voici Frimaire ;
Gare à ceux qui none pas de feu,
Pour eux la saison victimaire
Ne sera pas dure qu’un peu ;
Même celui-là qui turbine
Va battre une rude débine,
 
Le ciel est couleur de bitume,
Le froid glace le bout du nez
Qui coule toujours par le rhume.
Les pauvres sont de vrais damnés ;
Pour eux souffrances millénaires,
Au grand, bonheur des millionnaires !
 
À peine couverts par vos hardes,
Tous vous souffrez, pauvres déchards,
Dans vos taudis, dans vos mansardes ;
Mais les ventrus, mais les richards,
Savent eux rendre somptuaire
La saison pour vous mortuaire.
 
Bientôt viendra l’hiver d’un monde,
D’un monde rude aux miséreux
Où des vautours la race immonde
Vit sur le dos des malheureux,
Leur faisant l’existence dure
En tout’ saisons comme en froidure.

Paru aussi in : Le Libertaire (1895-1899), nº 159 (4-10 décembre 1898).