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À quarante ans

anonyme


Texte anonyme (≤1906).


1
Toujours implacable et féroce
Le Capital
Ô Vieux travailleur t’a fait rosse
C’était fatal
Il t’a pris les forces, ta joie
Et ton printemps
Tu n’as plus rien, il le renvoi
À quarante ans ! (bis)
 
2
Cent fois pire que l’esclavage,
Le salariat
T’abandonne lorsque vient l’âge
Pauvre paria !
Tu ne fus que bête de somme :
Jusqu’à ce temps ;
Et l’on te dis : tu n’es plus homme,
À quarante ans ! (bis)
 
3
Dans l’atelier sombre galère,
Comme un martyr,
Pour gagner un maigre salaire
T’as dus pâtir !
Maintenant, dehors placé aux jeunes
Plus résistants !
Il paraît qu’il faut que tu jeûnes
À quarante ans ! (bis)
 
4
Indigné relève ton buste,
Parle de droit
Vieux naïf, invoque le Juste
Quand nul n’y croit !
Chez loi, la faiblesse est un crime !
Le Maître est sans
Pitié pour l’obscure victime
De quarante ans ! (bis)
 
5
Vas donc grossir de rue en rue,
Allons, vieux fou,
La bande tous les jours accrue
Des sans-le-sou ;
Va ! Déjà la faim de son antre
Dis : Je t’attends !
Ah ! C’est bien dur d’avoir un ventre,
À quarante ans ! (bis)

Paru aussi in : Le Combat de Roubaix-Tourcoing (1906-1906), année 1, nº 27 (26 aout 1906).