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Haïr

Vernet, Madeleine


Texte de Madeleine Vernet (1905)


Haïr n’est quelquefois qu’une forme d’amour ;
Haïr le mal, haïr le laid, haïr la haine ;
Sentir sourdre en son cœur, comme d’une urne pleine,
Le Cri réprobateur, longtemps inexprimé.
 
Lancer l’appel vengeur pour un peuple opprimé ;
Condamner sans remords et d’une âme sereine,
Le bourreau criminel qui pesa sur la chaîne,
Et le tyran maudit, par la force acclamé.
 
Souffrir pour les petits qu’on broie et qu’on opprime,
Saigner pour le penseur qu’on rejette à l’abîme ;
Et vibrer, en révolte, à chaque iniquité ;
 
C’est être épris aussi de la grande justice,
Être prêt à donner sa vie en sacrifice,
Et la haine, alors n’est qu’une immense bonté.

Janvier 1905


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