À notre ami Henri Plessis
Créé par S. Plébins [(1861-1909)], à l’Eldorado.
Oui, parfait’ment, j’suis anarchisse,Je d’mand’ qu’on supprim’ les abus ;Je d’mand’ à c’qu’on nous fass’ justice…Non, pas d’justice, y n’en faut plus.Ça gên’ ceuss’ qu’est dans la mélasse…La mélass’… d’abord n’en faut plus ;Les patrons doiv’nt céder leur placePuis des patrons… y n’en faut plus.Ils s’font construir’ des grand’s bâtisses,Les bâtiss’s… d’abord n’en faut plus ;On log’ra comm’ les écrevisses…Puis les écreviss’s… n’en faut plus.Ça sert à nourrir des cocottes,Des cocott’s. Ah ! non, n’en faut plus ;Ell’s n’font qu’vous tirer des carottes…Puis des carott’s… y n’en faut plus.Tout l’monde y bouff’ra d’la morue…Non, d’la morue, y n’en faut plus,Y en a déjà trop dans la rue…Et puis les rues y n’en faut plus.On fourr’ des noms d’saints sur leurs plaques…Des saints… Ah ! non, y n’en faut plus ;Sauf ceux des femm’s sous leurs casaques…Mais des casaqu’s… y n’en faut plus.Les corsag’s… ça me scandalise,Des corsag’s… d’abord n’en faut plus,Suffit d’êtr’ vêtu d’un’ chemise…Et puis des ch’mis’s, y n’en faut plus.Sur l’plastron des notair’s ça brille,Puis des notair’s… y n’en faut plus ;Comm’ des croqu’-morts, on les habille,Puis des croqu’-morts, y n’en faut plus.Chacun il s’enterr’ra soi-même,Des enterr’ments… non, n’en faut plus ;Faut plus rien… plus d’terr’, plus d’systèm’,Plus d’homm’s, plus d’femm’s… y n’en faut plus.Faut qu’y ait plus qu’des socialisses,Quand l’ démolissag’ s’ra complet,Eh bien ! nous, les brav’s anarchisses,Nous rétablirons c’qu’y avait.