1Le soir, quand, levant vers l’azur les yeux,Ravis, nous voyons la lune sans voilesTracer son sillage majestueuxDans le firmament parsemé d’étoiles.Émus, nous contemplons, dans le silenceLa voûte immenseOù l’or se balance.Émus, nous contemplons dans le silenceLes astres lumineuxMystérieux.2On dit à beaucoup d’enfants comme nousQue Dieu a créé le Ciel et la Terre :On dit qu’il faut l’adorer à genouxCar pour tous, Il a la bonté d’un père.Un père est juste et doux, il donne sans cesse,Plein de tendresseIl gâte, il caresseUn père est juste et doux, il donne sans cesse,Il ne demande rienQue notre bien.3Nous ne sommes que de petits enfantsEt nous ne savons, hélas ! pas grand chose.Pourtant, bien qu’encore très ignorantsNous savons fort bien que tout n’est pas rose.Nous savons qu’ici bas tout est pleurs et peines,Que tout déchaîneLa guerre et la haine.Nous savons qu’ici bas tout est pleurs et pleinesQu’on ne fait qu’y gémirTrimer, souffrir.4Si Dieu existait, il serait cruelIl serait cupide, injuste, personnel,Ce Dieu, il serait jaloux, personnel,Il serait brutal, stupide, exécrable.Non ! Dieu n’existe pas. Dieu, c’est le mensonge,Où se prolongeDes aïeux le songe.Non ! Dieu n’existe pas. Dieu c’est le mensonge,Légendes, fictions,Nous vous nions.

Chanson « Réflexions d’enfant », de Sébastien Faure (1914)
https://www.partitions-domaine-public.fr/telechargement_pdf.php?id=16232 (édition de 1923 ?)