Amuse-toi, foule imbécile,Qui déshonore les pavés,Devant la troupe qui défilePour les gredins qu’elle a sauvés !Ils sont là-bas, dans l’ombre noire,Dix-huit cent mille anéantis :Mais tu n’attends qu’un verre à boirePour leur jeter des confetti !Amuse-toi, foule avachie,Dans le cloaque des beuglants,Pour oublier dans une orgieTes souvenirs les plus sanglants !Ils sont là-bas dix-huit cent millePar la mitraille anéantis :Mais ton ivresse est assez vilePour leur jeter des confetti !Amuse-toi devant les armesQue nous rêvons de ne plus voir,De la Pitié qui pense aux larmesDes orphelins vêtus de noir !Ils sont là-bas, dans l’épouvante,Dix-huit cent mille anéantis :Mais ta bêtise en est contentePour leur jeter des confetti !Amuse-toi dans la débauche,Amuse-toi de nos douleurs,En acclamant jusqu’à la gaucheLa dictature des sabreurs !Amuse-toi par le suppliceDes malheureux anéantis :Et que demain ta chair pourrisse :Dans un linceul de confetti !
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À la foule
Bizeau, Eugène
Texte d’Eugène Bizeau (≤1919).
Paru dans Le Libertaire, nouvelle série, 1re année, nº 30 (10 aout 1919). n° 28 (27 juillet 1919).