Après avoir connu l’horreurQue désiraient les « chefs de file »,Dans les sillons du « champ d’honneur »Ils sont restés dix-huit cent mille…Et maintenant que leurs débrisOnt un linceul de gloire,Dépêchez-vous, les abrutis,De fêter la Victoire !Ces pauvres morts avaient des yeuxPour admirer toutes les choses,Quand le soleil, du haut des cieux,Jetait sa pourpre au cœur des roses.Et maintenant qu’ils sont partisVers la nuit la plus noire,Dépêchez-vous, les abrutis.De fêter la Victoire !Ces pauvres morts avaient des brasPour accomplir des œuvres bellesEt pour bercer les petits garsDe leurs tendresses paternelles…Et maintenant que ces petitsN’ont plus que leur mémoire,Dépêchez-vous, les abrutis,De fêter la Victoire !Ces pauvres morts avaient un cœurPour aimer la famille humaineEt pour connaître le bonheurAvant de mourir à la peine…Et maintenant que leurs amisOnt des larmes à boire,Dépêchez-vous, les abrutis,De fêter la Victoire !Sous les regards des mutilés,Devant la tristesse des veuvesEt des vieux parents accablésPar le choc brutal des épreuves,Avant d’être un jour engloutis.Dans l’égout de L’Histoire,Dépêchez-vous, les abrutis,De fêter la Victoire !
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Le Prix de la « Victoire »
Bizeau, Eugène
Texte d’Eugène Bizeau (≤1919).
Paru in : Le Libertaire, nouvelle série, 1re année, nº 27 (20 juillet 1919).