1Vous, les représentants de la MagistratureLes encarnavalés des jours de procédure,Souteneurs salariés de la propriété,Chacun de vos arrêts est une iniquitéLa Justice pour moi n’est rien en votre code,Procédons par besoin mais non par méthode,Homme, retiens ceci : c’est qu’il faut que tu sois,Sans te préoccuper qu’il existe des lois.2Magistrats instructeurs, vous les fouilleurs de crimes,Pour votre renommée il vous faut des victimes.Dans ce monde pervers où l’existence est d’or,Le plus crapule, en somme, est encor le plus fort.Tout délit est pour vous un geste inexcusable :Moi, je n’en connais qu’un : c’est juger son semblable !De geste il n’en est point qui soit prémédité,Car chacun est l’effet d’une nécessité.3Vous, messieurs de la cour, c’est ainsi qu’on vous nomme,Le bas métier de juge en vous a détruit l’homme.Cerveaux vils et mauvais que le mal féconda,Vous me représentez de vieux Torquemada.On peut lire un arrêt sur vos gueules sinistres,Comme un crime, messieurs, sur celle des ministres,C’est un frisson d’horreur que tous vont éprouverQuand le mot de la fin par vous sera bavé.4Procureurs généraux, fabricants de requêtes,Plus vos succès sont grands, plus on coupe de têtes.Si la vie anarchiste apparaissait demain,Mais que produiriez-vous pour gagner votre pain ?Propager, par le fait, est un. droit juridique,Vous demandez la mort, c’est au code, on l’applique.Si la justice était la même pour chacun,Puniriez-vous un crime en en commettant un ?5O ! vous qui prenez place au banc de la défense,Avocats, pauvres gens, (ceci dit sans offense),Ainsi que la girouette évolutionne au vent,Vous cherchez en courant pour aller de l’avant.Ah ! plaidez d’un ton calme ou d’un langage acerbe,Je sais depuis longtemps ce que vaut votre verbe.La Thèse que ce soir, ferme vous soutiendrez,Pour un autre, demain, vous la contredirez.6Trouver vice de forme, où ? dans votre justice !C’est l’ignorer, messieurs, car sa forme est un vice,Et quiconque, pour nous, ne vit qu’en l’exploitant,Ne peut être, à nous yeux, qu’un être dégoûtant.Mais le Soir ! le Grand Soir ! le Soir de délivrance,Nous broierons de Thémis le glaive et la balance,Et si l’on doit juger les premiers scélérats,Au banc des accusés seront les magistrats.
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Magistrature
Avray, Charles d’
Texte et musique de Charles d’Avray (≤ 1913). Harmonisée par Laurent Fossati (18..?-1931).
Paru aussi in : L’Émancipateur : organe communiste-anarchiste-révolutionnaire. — Flémalle-Grande (Liège), 1921-1925. — Nº 5 (s.d. [sept 1921])