1Chaque jour, bénissant le pain,Cadeau de la bonté céleste,Le prêtre veut que tout humainContrit, se courbe sous un geste ;Même admettant d’un créateurLa plus que scabreuse hypothèseÀ cet ordre, un libre penseurDebout, peut répondre, fort aise ;refrainDe ton idole au cœur flétriCesse de chanter des louanges ;Curé, le pain blanc que tu mangesCe n’est pas Dieu qui l’a pétri !2Tel été, comme tous les ansOù la Nature fut prospère,Très recueillis, les paysans,Remerciaient leur divin père ;Jamais le blé ne fut si beauNi si prometteuse, la gerbe,Lorsqu’en un seul jour, un fléau,Brûla jusqu’au dernier brin d’herbe !refrain3Quitter les champs anéantisChercher, même en traversant l’ondeD’autres moissons pour ses petits,C’était narguer le roi du monde ;L’ouragan vengeant son orgueil :Brisant les mâts, trouant les voiles,Rejeta l’homme sur l’écueilAu rire narquois des étoiles !refrain4Défiant ton maître et ses flotsEn la fureur de leur démence,Pour porter mille matelotsSe construisit une arche immense ;Quand l’homme arrachait le charbonQui lui fallait pour sa machine,Le Tout puissant juste et si bonLança le grisou dans la mine !refrain5Lorsqu’invincible, il fut au boutDe son calvaire insurmontable,L’homme fit du pain malgré tout,Vois donc, ta part est sur la table !Dis-nous, vas-tu nier encor,Par ta faconde désinvolteQue la source de ce trésorSoit entière dans la révolte !refrain
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Le Pain maudit
Jolivet, François-Henri
Texte de François-Henri Jolivet (≤1930).
http://anarlivres.free.fr/pages/biblio/complements_texte/ChansonsJolivet.html
Publié aussi dans le recueil nº [?] de Nos chansons (1920-1930) de La Muse rouge.