Nos ennemis

1

En ce bas monde à l’exemple des hommes

Qu’ont fait mourir guillotine ou bûcher,

Nous voudrions pauvres fous que nous sommes

Faire un beau jour les Césars trébucher.

Dans cet espoir aux esclaves qu’on leurre,

Écho brutal d’un sincère courroux,

Notre chanson va crier tout à l’heure (bis)

Vos ennemis les plus grands sont en vous ! (bis)

 

2

Vous déplorez les atroces carnages

Qui font les morts par milliers s’entasser

Dans les sillons où l’enfant des villages

Voyait, joyeux, l’abondance pousser

En même temps, lâcheté singulière,

Par la faiblesse excusés, puis absous,

Vous fabriquez des machines de guerre… (bis)

Vos ennemis les plus grands sont en vous ! (bis)

 

3

Vous flétrissez l’arlequin sans scrupules

Qui pilotant le bateau du pouvoir,

Au premier rang du parti des crapules

Sait largement accomplir son devoir

Malgré cela d’une oreille dévote

Vous écoutez ses disciples jaloux

Et vous courrez vers les salles de vote… (bis)

Vos ennemis les plus grands sont en vous ! (bis)

 

4

Aidant la presse à chanter dans ses cuivres

L’alleluia des bourreaux triomphants,

Vous composez des journaux et des livres

Dont la lecture abrutit vos enfants

Vous préférez mendier la pitance

Où travaillant, supporter mille coups

Que d’affirmer vos droits à l’existence (bis)

Vos ennemis les plus grands sont en vous ! (bis)

 

5

Vous vous plaignez du régime sévère

Que la détresse à jamais vous prescrit,

Et chaque jour dans la crasse d’un verre,

Au cabaret vous laissez votre esprit.

Vous bâtissez des taudis où l’on crève

Par manque d’air et par manque de tout

Jusqu’au moment ou la mort vous achève (bis)

Vos ennemis les plus grands sont en vous ! (bis)

 

6

La servitude est la pire des choses,

Sa persistance endeuillant nos amours.

Fait se flétrir la corolle des roses

S’ouvrant pour nous au calice des jours.

Devant ses lois, souverain ridicule,

Depuis des ans Populo file doux ;

Et cependant Populo c’est Hercule… (bis)

Nos ennemis les plus grands sont en nous ! (bis)