À mon ami Eugène Riffey
Peuple crédule qu’on lanterneEt qui coupe dans tous les ponts,Allume un peu mieux ta lanterne ;Tu démasqueras les fripons,Les renégats et les capons.Du candidat sur son affiche,N’écoute plus le vilain babil ;Ses promesses, ce qu’il s’en fiche !Poisson d’avril ! (4 fois)Ce blagueur, afin qu’on l’élise,Dans sa longue profession,Voulait, de l’État, de l’Église,Pour toujours sans rémission,Faire la séparation.Candidat, il fit la promesseD’envoyer le prêtre en exil ;Honorable, il sert la messe ;Poisson d’avril ! (4 fois)Cet effronté, pourri de vice,De faire four ayant le trac,Au villageois simple et noviceSur son affiche, sans mic-mac,Promet un bureau de tabac.Pour un autre, garde ton vote,Bon gogo, car ce bureau qu’ilTe promet, c’est une carotte :Poisson d’avril (4 fois)Ce troisième dans ses affiches,Sur un ton protecteur et fier,Promet aux électeurs godichesUn grand canal, un port de mer,Des routes, des chemins de fer.Conclusion accoutumée :Le pays n’a même pas un fil ;Le railway s’envole en fumée :Poisson d’avril (4 fois)Bon peuple, à Lille comme à Tarbes,Ne crois plus aux politiqueurs ;Imberbes ou bien vieilles barbes,Forts en paroles, mais traqueurs.Tous les tribuns sont des truqueurs,De grands mots ils tiennent boutique ;Un jour, quand t’auras un fusil,Tire dessus la politique :Poisson d’avril (4 fois)
2 avril 1887