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Poisson d’avril

Jouy, Jules


Texte de Jules Jouy (1887). Sur l’air « On les pendra ! ».


À mon ami Eugène Riffey

Peuple crédule qu’on lanterne
Et qui coupe dans tous les ponts,
Allume un peu mieux ta lanterne ;
Tu démasqueras les fripons,
Les renégats et les capons.
Du candidat sur son affiche,
N’écoute plus le vilain babil ;
Ses promesses, ce qu’il s’en fiche !
Poisson d’avril ! (4 fois)
 
Ce blagueur, afin qu’on l’élise,
Dans sa longue profession,
Voulait, de l’État, de l’Église,
Pour toujours sans rémission,
Faire la séparation.
Candidat, il fit la promesse
D’envoyer le prêtre en exil ;
Honorable, il sert la messe ;
Poisson d’avril ! (4 fois)
 
Cet effronté, pourri de vice,
De faire four ayant le trac,
Au villageois simple et novice
Sur son affiche, sans mic-mac,
Promet un bureau de tabac.
Pour un autre, garde ton vote,
Bon gogo, car ce bureau qu’il
Te promet, c’est une carotte :
Poisson d’avril (4 fois)
 
Ce troisième dans ses affiches,
Sur un ton protecteur et fier,
Promet aux électeurs godiches
Un grand canal, un port de mer,
Des routes, des chemins de fer.
Conclusion accoutumée :
Le pays n’a même pas un fil ;
Le railway s’envole en fumée :
Poisson d’avril (4 fois)
 
Bon peuple, à Lille comme à Tarbes,
Ne crois plus aux politiqueurs ;
Imberbes ou bien vieilles barbes,
Forts en paroles, mais traqueurs.
Tous les tribuns sont des truqueurs,
De grands mots ils tiennent boutique ;
Un jour, quand t’auras un fusil,
Tire dessus la politique :
Poisson d’avril (4 fois)

2 avril 1887


Paru dans : Jouy, Jules. Les Chansons de l’année [1887] (Bourbier et Lamoureux, 1888, p. 156-158)

Il s’agit aussi du 23e titre de la série de chansons de Jouy reprises dans le le journal d’Émile Pouget, Le Père Peinard après le décès du chansonnier. Parue ici dans la (2e série, nº 79, du 24 avril-1er mai 1898).