En arrivant au régimentIl a fallu prêter serment« Jurer, jurer, beaux militaires, vaillants conscritsQue vous serez toujours fidèles (bis)À la patrie. »Je vous jure, mon commandant,Qu’avant quinze jours je fous le campN’y a pas de gendarmerie ni de drapeauQui vaille l’amour de ma mie (bis)Sous les ormeaux.En arrivant dans son pays,Trois petits coups il a frappés :— « Ouvrez, ouvrez, ouvrez la porte, ma douce amieCelui que votre amour conforte (bis)Il est ici. »— « La porte je te l’ouvriraisi tu apportes ton congé »— « Oh oui, oh oui, je te l’apporte, fort bien signé.Il est sous la semelle forte, il est sous la semelle forteDe mon soulier. »Il n’était pas sitôt rentré,Des gendarmes sont arrivés.— « Rends-toi, rends-toi, beau militaire, vaillant conscrit !Sans quoi nous porterons la guerre (bis)Dans ton pays. »— « Va pour la guerre ! » dit le conscrit.Sans peur il charge son fusilIl a tiré sur les gendarmes de son pays.Il a tué sans une larme (bis)Ses ennemis.Puis avec sa belle d’amour,Il est parti, beau troubadour,Ils ont marché, quêtant leur vie de tous côtés.Ils ont cherché de ville en ville (bis)La liberté.Misère et mort sont tôt venues,Et les amoureux ont connuQue rien n’est à tous sur la terre, il faut rêver.Et libre à chacun de se taire (bis)Ou de crever.

« Le Déserteur », chanson populaire du Poitou recueillie et complétée par Victor Barrucand
Paru dans Le Père Peinard, nº 220 (4-11 juin 1893).