À tous ceux qui payèrent de leur liberté, de l’exil, de leur vie, l’exercice d’un droit reconnu sacré, même par les inquisiteurs du Moyen-Age (NdA).
1Je me souviens d’un soir d’hiverQue le brouillard faisait plus sombreQu’en cheminant, j’ai écouvertUn pauvre chien blotti dans l’ombre…Voyant se mirer dans ses yeuxLa mort grimaçante et blafarde,J’emportai, jusqu’à ma mansarde,Le chien transi, le chien pouilleux.Puis, je partageai mon repasAvec la bête abandonnéeHeureux de sauver du trépasSon existence condamnéeMon logis où fut recueilliLe chien souffreteux et docileDès ce jour est resté l’asileOù le malheur est accueilli.2Je me souviens qu’un jour d’étéDes chasseurs parcouraient les routes ;Car !a meute avait dépistéLa biche lointaine aux écoutes !Tremblante elle entra dans le boisS’acheminant vers la rivièreMais alors j’ouvris ma chaumièreÀ la douce biche aux abois !RefrainEt, lorsque retentit le corÉgrenant partout dans la plaine,Son lugubre appel à la mort,La biche avait repris haleine !…Puis sous les ténèbres du soir,Elle s’enfuit, vive et gracileDu lieu qui lui servit d’asile,Et la fit renaître à l’espoir !3Mais je me souviendrai longtempsDe l’abominable curéeÀ laquelle un soir de printempsSe livra la foule égarée,Un homme en était le gibier ;Puis, avec des remous d’émeute,Le peuple figurait la meuteEt coudoyait le policier !RefrainEt quand l’homme affolé, meurtriPar l’impitoyable poursuite,Vint me demander un abri,Mon cœur me dicta ma conduite,Sans me soucier de la raisonQui déchaînait la meute hostile,À l’être inquiet et sans asileJ’ouvris largement ma maison !