Tout le fumier des scandales,Tel celui dont nous voyonsLes ordures qui s’étalent,N’engraisse pas les sillons ;Et cette « baugée » intenseQue viennent d’accumulerLes porcs de la PréfectanceNe fait pas pousser le blé !La moisson sera mauvaise…L’épi rare et languissantA mûri mal à son aiseDessous un soleil absent.Et — conséquence fataleDe ce lamentable été —Le pain, dans la capitale,Va, sans doute, être augmenté ?Oui, le pain dont l’âme entièreEst toute pleine d’amour,Le pain blanc de la prière,Notre pain de chaque jour !Le pain vaudra cher la livreCet hiver, annonce-t-on :On aura du mal à vivreAvec ce sacré « brichton ».Dans bien des pauvres ménagesLa femme ira (faut manger !)Mettre les meubles en gagePour payer le boulanger.Les mêmes, dans la cuisine,À la place du buffet,Danseront la capucineA l’heure où l’on doit bouffer.Mais un jour, le philanthropeDe la Tour Pointue auraL’heur de piquer sa syncopeDevant un tel embarras :Il enverra vers le père,Gréviste ou manifestant,Tous les flics de son repairePour l’assister à l’instant…Sur le pauvre, en large averse,Des pains tomberont alorsPlus lourds que ceux du commerceEt qui tiennent mieux au corps !
(Samedi 30 juillet 1910)