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Stances à Lépine

Couté, Gaston


Texte signé « le Subéziot » (Gaston Couté, 1910).

Sur le préfet de police de Paris (Louis Lépine, préfet de police de juin 1899 à mars 1913), bête noire des révolutionnaires.


Avant de s’être « adapté »
Lorsqu’il nichait du côté
Ingrat de la barricade,
Il ne fut pas toujours chic
Vis-à-vis de toi, Grand Flic !
Poléon de Vachalcade !
 
Il n’eut pas rien que des mots
Gentils pour les animaux
Attachés à ton service ;
Il parlait d’eux volontiers
En ces termes châtiés :
Les brutes de la Police !
 
Et même en un de ces jours
Où comme de vrais amours,
Cipaux et sergots besognent,
Il livra de tels assauts
Qu’il mit sa canne en morceaux
Sur la hure de tes cognes !
 
Mais à présent qu’il est là !
Esclave docile et plat,
Devant ta botte il se penche,
Guettant les moindres regards
Et te bombardant d’égards…
Ah ! tu la tiens ta revanche !
 
Le pauvre ! il a tant besoin
Pour ne pas perdre son coin,
Des poignes de ta flicaille
Qu’il n’est plus fichu d’oser
Un mot pour te refuser…
— Que veux-tu, vaille que vaille ?
 
Quoi ? De Liabeuf, il te faut
La tête ?… Bien ! l’échafaud
Sera prêt. Donne ton heure !…
Et Rochette ?… Ah oui, pardon
Ça te défrise un peu : Donc
Que cette affaire-là meure !…
 
Alors, puisqu’il en est ainsi
Tout entier à ta merci,
Ne te gêne pas, bourrique !
Abuse tout à ton gré :
C’est toi, chef des flics, le Vrai
Chef de notre République !
 
Briand peut aller s’asseoir….
Sinon, nous pourrons le voir
— Pauvre Excellence qui tremble
Tout en jouant les costauds —
Te passer sa langue au dos
Ou… plus bas, si bon te semble ?…

(16 juillet 1910)


Paru dans La Barricade, nº 7 (16 juillet 1910)

Publié aussi dans la revue La Muse rouge : nouvelle série, nº 12 [ca 1931].