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Saoûl, mais logique…

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté. Musique de Georges Klotz (1866-mars 1904).


N’me parlez pas de tous ces gens
Qui crient à tout l’monde, après boire :
« J’s’rai décoré au jour de l’an ! »
Ou : « J’porte un nom qu’est dans l’histoire ! » "
Moi, j’prends souvent mon p’tit plumet,
C’est permis, même en République !
Mais alors, je n’détonn’ jamais…
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !
 
L’autre jour, un typ’très calé
Me contait, en payant un verre,
Qu’on doutait, du temps d’Galilée
De la rotation d’la terre.
« Croir’ que la terr’ ne tourne pas,
Mais, nom de nom ! que j’lui réplique,
On s’saoûlait donc pas dans c’temps-là ! »
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !
 
En rentrant chez moi, un beau soir
Qu’mes jamb’s me r’fusaient tout service,
J’restai allongé su’l’trottoir
« Eh ben !… m’fit un agent d’police
Qu’attendez-vous-là su’l’pavé ? »
Et j’eus cett’ réponse magnifique :
« J’attendais qu’vous veniez m’rel’ver… »
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !
 
Sur le boul’vard, sous un vent fou
Et par un temps froid de décembre,
Un’ petit’ dam’ me dit « Mon loup,
Viens-tu ? Y a du feu dans ma chambre !
— Du feu dans ta chambr’ !… Bon !… Alors
Je s’rais enchanté qu’tu m’expliques
Pourquoi qu’tu rest’s à g’ler dehors… »
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !
 
En prenant l’train, gar’ Saint Lazar’,
Un’ fois qu’j’étais saoûl comme un’ grive,
Voilà qu’j’entends, à mon départ,
Siffler une locomotive ;
Alors, par la portier’ j’lui cri’ :
« Tu peux pas la fermer… bourrique !
On n’est pas dans un’ écuri’. »
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !
 
Enfin, hier, mon médecin,
Désolé d’me voir toujours ivre,
M’dit : « Si vous continuez d’ce train
Vous n’avez plus grand temps à vivre ! »
Bon ! Si j’dois claquer prochain’ment
J’m’en vais vous r’tirer ma pratique :
Plus la pein’ de m’soigner, maint’nant
Quand j’suis saoûl, j’suis saoûl… mais logique !