1J’suis pas l’lyp’ qui tue ou qui viole,J’suis l’mégoteur sous-dév’loppé,J’suis l’gagne-petit d’la cambrioleQui à chaqu’ fois se fait choper ;J’ai eu un accidentEn redescendant d’un balconJ’viens d’recevoir un’ ball’ dans l’bideTirée par un gros flic très con.J’étais parti pour faire un’ bell’ carrière ;Malbeureus’ment, honte et désolationJ’vas ravaler mon casier judiciaireÀ ma cinquant’-troisième condamnation !2Les gros cassis, ceuss’ de Pigalle,I’ s’fout’nt pas mal de mes tracas ;Ils se rengorg’nt, ils se bègallent,Ils payent grass’ment leurs avocats ;Pour moi, y’a pas d’espoir que j’aieLeurs condés et leurs alibis ;Les ruad’s de la vache enragée.Cent pour mézig’, c’est pour bibi !J’ai bien compris que c’est dans un cim’tièreQu’ils m’enverront fair’ ma relégationJ’vas ravaler mon casier judiciaireÀ ma cinquant’-troisième condamnation !3On n’arrêt’ que la ritifi friture,On laiss’ filer les gros truands,Ceuss’ qui ont de puissant’s voituresEt des pétards tonitruantsMoi, je n’m’attaqu’ qu’aux tout p’tits casses,Et je n’possèd’ comme arsenalQue des pinc’s-monseigneur, des passes,Pour le boulot artisanal.Dans mon grand lit de la Salpatrière.J’rumin’ ma poisse et ma malédiction ;J’vas ravaler mon casier judiciaireÀ ma cinquant’-troisième condamnation !4Que m’arriv’-t-il ? C’est d’la magie !Me voilà guéri a peu prés.Car, merveilleux, la chirurgie,Ce qu’elle a pu fair’ de progrès !Je m’sens maint’nant si peu maladeQue j’ai quasi envie d’chanterAu fond du panier à saladeQui me conduit à la Santé !Ma vieil !’ débine a mordu la poussièreJe vais inscrire avec satisfactionAu palmarès d’mon casier judiciaireMa cinquant’-quatrièm’ condamnation !
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La Chanson du p’tit truand
Berthier, Pierre-Valentin
Texte : Pierre-Valentin Berthier (1960’s ?).
Paru aussi dans : Berthier, Pierre-Valentin. — La Passion de l’Olympe. — Paris [France] : Éole, 1980 (p. 82-83).