Je compte bientôt soixante vendanges,N’empêche que j’ai planté l’an dernier,Le jour où ma vigne emplira ma grangeSes pieds descendront chatouiller mes pieds.Mais, déjà mes yeux la voient, fière et douceAinsi qu’une fille allant à l’amour,Forte comme un gâs qui vient des laboursEt mon cœur sourit car ma vigne pousse.RefrainAh ! lon la ! ma vigne pousse ! lon la !C’est l’avenir qui pousse là !Ma vigne verra crever la bêtise,Les croix tomberont des dieux inhumainsDont le prêtre boit tout seul à l’église,Tout le monde aura le calice en main !Ma vigne verra les noces sincèresDe beaux amoureux s’aimant librement,Sans jamais mentir, même d’un serment,Et ne sachant plus le chemin du maire.Ma vigne verra chasser la misèreTous les assassins à ventre de loups,Noieront leurs couteaux dans l’eau des rivièresPour chanter son vin sur des airs très doux.Les errants maudits et les sans asileSeront des rêveurs qui viendront le soirBoire en la liqueur tendre du pressoirLe ciel qui se mire au creux des sébiles.Ma vigne verra fusiller la guerre,Ses raisins de paix en paix mûriront ;Leur sang rougira seul les bouches clairesQui refuseront celles des clairons.Ma vigne verra tomber les frontières,Et les ennemis des temps disparus,Allonger les bras après avoir buPour reboire un coup et choquer leurs verres.Ma vigne verra les temps d’harmonie,Les enfants viendront comme ses raisins ;Les sentiers seront moins beaux que la vie,Les hommes auront la bonté du vin.Ah ! ma vigne forte ! Ah ! ma vigne douce !On me dit : Pourquoi rêver tout celaVieux qui doit mourir quand tantôt viendra ?Je mourrai tantôt, mais ma vigne pousse !
Accueil > Chansons > Ma vigne pousse
Ma vigne pousse
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté. Musique par Eugène Manescau (1869-1940). Puis musique de Claude Antonini (1981).