Un soir qu’il gelait à tout fendre,Un gâs de chez nous fut attendreUne garçaille de chez nousAu coin du bois, leur rendez-vousEt, dessous la lune blêmie,Histoire de passer le temps,En attendant sa mieLe gars allait chantant…Le gars allait chantantEn attendant sa mie,En attendant sa mie.Du haut des cieux tendus de crêpes,Comme un essaim de folles guêpesDe la neige dégringola.Et la belle n’était pas là…Lors, par la campagne endormie,Dans son lit glacial et blanc,En attendant sa mieLe gars allait tremblant…Le gars allait tremblantEn attendant sa mie,En attendant sa mie.Pendant tout ce temps la garçailleFaisait d’amour grande ripailleAu coin du feu bien chaudement,Entre les bras d’un autre amant ;Et, pressentant cette infamie,Pauvret au cœur naïf et franc,En attendant sa mieLe gars allait pleurant…Le gars allait pleurantEn attendant sa mie,En attendant sa mie.Le mordit de baisers la bise ;Le gel à travers sa chemiseSes fines aiguilles planta,Et pour lui le hibou chanta,Si bien que, quand l’aube palieAu-dessus du bois apparut,En attendant sa mieLe pauvre gars mourut…Le pauvre gars mourutEn attendant sa mie,En attendant sa mie.
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Cruelle attente
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté. Musique d’André Colomb (1904).