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L’Arriviste

Jolivet, François-Henri


Texte et musique de François-Henri Jolivet (1927).


1
Un jour que j’étais sans boulot
Dans un’ situation critique
Je m’dis t’as du coffr’ mon poulot
Faut t’lancer dans la politique
Aussitôt que fut dit fut fait
Je m’engag’ dans le gros d’la troupe
À mon entrée au social-groupe
Ma foi, j’fis assez bon effet.
 
(Refrain)
J’arrive… j’arrive…
Avec du culot, du bagout,
On se faufile un peu partout,
Le moindrement que l’on active,
En politiqu’ sans s’fair’ crever,
On est toujours sûr d’arriver.
 
2
Après huit jours de discussion
Étant alors un peu moins bègue,
À la Grande Fédération,
Voila qu’du groupe on me délègue.
Puis comm’ j’y f’sais pas mal de foin,
Contr’ les décrocheurs de timbales,
À mon discours chacun s’emballe,
Et me v’la promu Grand Pingouin !
 
(refrain)
 
3
Quelquefois pour passer mon temps,
Chez moi j’m’installe à mon pupitre,
J’écris des articl’s épatants, .
M’sieu Roch’fort prés d’moi n’fut qu’une huitre,
Mes grands échos sensationnels,
Me sont déjà payés un’ thune,
Bref pour assurer ma fortune,
Il ne manqu’ plus qu’un beau duel.
 
(refrain)
 
4
L’autr’ jour dans un’ grand’ réunion,
M’étant montré le moins bégueule,
Comme il s’mit à tomber des gnons,
J’en r’çus dix sur le coin de la gueule,
Aussi pour m’consoler d’ces pains,
Qui déformaient ma pauv’ figure,
Tout de suit’ ma candidature
Fut posée par cinquante copains.
 
(refrain)
 
5
Maintenant je suis près du but,
Car je siège a I’Hôtel de Ville
Sans avoir payé gros tribut,
La rout’ me fut assez facile,
Dans deux ans j’s’rai législateur,
Le peuple me doit ça du reste,
Si j’ suis lâché j’retourn’ ma veste,
Et j’fais un bon conservateur !
 
(refrain)

Publié dans la revue La Muse rouge : nouvelle série, nº 6 [1927].

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