à Da Costa
Partout, sans cesse, on nous reprocheD’aimer trop l’amour et le vin.Si notre cœur n’est pas de rochePour les filles au corps divin,Si nous remplissons notre verrePour le vider souventes fois,Français ! nous n’y pouvons rien faireCar c’est de la faute aux Gaulois.Les vieux Gaulois, nos joyeux frères,Pour se reposer des combatsFaisaient en leurs sombres repairesLes plus gais festins d’ici basDont les bruits aux ailes légèresAient jamais rempli les grands bois…Nous sommes les fils de nos pères !Nous sommes les fils des Gaulois !En leurs coupes la Vierge blondeVersait l’hydromel à pleins bords,Et chacun buvait à la rondeLe nectar que buvaient les morts,Au Walhala grave, en des crânesPour récompenser leurs exploits…Et nous !… par respect pour leurs mânesNous faisons comme les Gaulois !Le barde chantait sur sa lyreLes passes d’armes et d’amourQue les convives en délireRacontaient chacun à leur tour :Et l’ombre magique et sonoreRedisait l’écho de leurs voix…Qui trouve mal qu’on fasse encoreCe que faisaient les vieux Gaulois ?Maintenant, si l’on nous reprocheD’aimer trop l’amour et le vin,De n’avoir pas un cœur de rochePour les filles aux corps divin,Et d’emplir aussi notre verrePour le vider souventes foisQu’ils aillent se faire lanlaireCeux qui nous trouvent trop… Gaulois !
Moulin de Clan, août 1897.