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Le Coq

Simon-Mérop, Pierre


Texte de Pierre Simon-Mérop (1936).


À Eugène Bizeau

1
Il croit, tant il est orgueilleux,
Qu’il régit le soleil, la terre
Et que l’ordre interplanétaire
N’est que son travail merveilleux.
Il croit fermement que sans lui
Tout serait boîteux en ce monde
Et que sa voix, forte et féconde,
Règle le jour, règle la nuit.
 
Cocorico !
Le coq entonne,
Crie et claironne
Ce chant que répète l’écho,
Sempiternel et monotone :
Cocorico !
 
2
Il est brutal, vindicatif
Et ne rêve que plaies et bosses.
Pour les faibles il est féroce
Et pour tous il est agressif.
Jouant des ongles et du bec,
Il est volontiers tyrannique.
Aux bons instincts il fait la nique,
Comme tant d’êtres au cœur sec.
 
3
Il est le symbole accompli
De l’homme sans foi, sans courage,
Qui pousse à la guerre avec rage
Et du travail des autres vit.
Honte à ce volatile épais !
Qu’il ne nous serve plus d’emblème
Et place au bel oiseau qu’on aime,
À la Colombe de la Paix !
 
Cocorico !
Ce chant d’aurore
Nous déshonore
Car de la guerre il est l’écho.
Abolissons tous les sonores
Cocoricos !

Publié dans La Patrie humaine (23 octobre 1936).

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 226).