1Il croit, tant il est orgueilleux,Qu’il régit le soleil, la terreEt que l’ordre interplanétaireN’est que son travail merveilleux.Il croit fermement que sans luiTout serait boîteux en ce mondeEt que sa voix, forte et féconde,Règle le jour, règle la nuit.Cocorico !Le coq entonne,Crie et claironneCe chant que répète l’écho,Sempiternel et monotone :Cocorico !2Il est brutal, vindicatifEt ne rêve que plaies et bosses.Pour les faibles il est féroceEt pour tous il est agressif.Jouant des ongles et du bec,Il est volontiers tyrannique.Aux bons instincts il fait la nique,Comme tant d’êtres au cœur sec.3Il est le symbole accompliDe l’homme sans foi, sans courage,Qui pousse à la guerre avec rageEt du travail des autres vit.Honte à ce volatile épais !Qu’il ne nous serve plus d’emblèmeEt place au bel oiseau qu’on aime,À la Colombe de la Paix !Cocorico !Ce chant d’auroreNous déshonoreCar de la guerre il est l’écho.Abolissons tous les sonoresCocoricos !
Le Coq
Simon-Mérop, Pierre
Texte de Pierre Simon-Mérop (1936).
Publié dans La Patrie humaine (23 octobre 1936).
Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 226).