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Pour un qu’est trop p’tit !…

Boyer, Maurice


Texte de Maurice Boyer (1936). Air : « T’es ben trop p’tit » [= « Le Petit Grégoire » (1903)] de Théodore Botrel (1868-1925).


« Au Sénat, M. Salengro ayant affirmé que “Si demain des occupations de magasins, de bureaux, d’usines, de fermes étaient tentées. le gouvernement, par tous les moyens appropriés, saurait y mettre un terme », la confiance lui fut votée à l’unanimité de 225 voix. » (Les journaux)

1
Afin de donner des gages
Au bourgeois puissant,
Tout doucement tu t’engages
Sur un sol glissant…
Si, d’un vote de confiance
Te voilà nanti,
Pour calmer notre défiance,
T’es ben trop p’tit, mon ami,
T’es ben trop p’tit,
Dame, oui !
 
2
Ayant rassemblé leur clique,
Tous les affameurs,
Mal guéris de leur colique,
Poussent des clameurs !
Au Sénat, chacun la sienne,
Trou-la-la-i-ti !
Devant cette tyrolienne
T’es ben trop p’tit, mon ami,
T’es ben trop p’tit,
Dame, oui !
 
3
Il fallait sauver la France,
Le diable et son train,
Et ramener l’espérance
Pour couvrir l’emprunt !
Alors, tant pis pour les masses
En bel appétit,
Car, pour le lutte de classes,
T’es ben trop p’tit, mon ami,
T’es ben trop p’tit,
Dame, oui !
 
4
À vous, damnés de la terre,
Forçats de la faim,
Dans un esprit libertaire,
Nous tendons la main.
Luttant pour la délivrance,
Une fois partis,
Pour briser notre puissance,
Ils sont trop petits, mes amis,
Ils sont trop petits,
Dame, oui !

Publié dans Le Libertaire, 41e année, 4e série, nº 504 (10 juillet 1936).

Paru aussi in : Brécy, Robert. — Autour de La Muse rouge : groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939. — Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1991. — 254 p. (p. 202).