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L’Insurrectionnelle

Avray, Charles d’


Texte de Charles d’Avray (vers 1900). Musique recueillie et arrangée par Charles d’Avray.


Plaignons un peu moins, agissons un peu plus.
Charles d’Avray

1
De quoi t’plains-tu ? d’ceux qui t’gouvernent,
Prétendant qu’ce sont des farceurs,
Prendr’ des vess’s pour des lanternes
Ça n’appartient qu’aux électeurs :
 
(Refrain)
Puisque l’gouvernement t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
2
De quoi t’plains-tu ? de la police,
D’cell’ des mœurs en particulier,
On n’trouve il faut rendr’ justice
Pas plus maqu’reau qu’un policier
 
refrain
Mais puisque la polic’ t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut l’chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
3
De quoi t’plains-tu ? d’la bourgeoisie
Qui chaqu’ jour rogn’ ton morceau d’pain,
Ell’ peut même à la fantaisie
Au besoin te fair’ crever d’faim :
 
refrain
Puisque la bourgeoisie t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
4
De quoi t’plains-tu ? qu’on dit des messes
Et que la femm’ suiv’ les cagots,
L’curé lui chatouill’ p’têt’ les fesses,
Car les prêtres sont des saligauds :
 
refrain
Puisque la religion t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
5
De quoi t’plains-tu ? d’êtr’ locataire,
Ne pai’ plus de loyer vois-tu,
Si l’huissier d’ton propriétair’ vient,
Fous lui ton soulier dans l’cul :
 
refrain
Puisque les proprios t’emmerdent,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut les chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
6
De quoi t’plains-tu ? d’la galonnaille,
Du plus grand comm’ du plus petit,
C’est celui qui s’ra plus canaille,
Pour t’faire aller à Biribi :
 
refrain
Puisque la galonnaill’ t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
7
De quoi t’plains-tu ? des compagnies
Où les chaouchs t’on torturé
C’est comm’ça dans tout’s les Patries
Il faut obéir ou crever.
 
refrain
mais puisque la Patrie t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
Dès maint’nant faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.
 
8
De quoi t’plains-tu ? de tout en somme
Tu ne vis plus qu’en révolté
En ce cas voilà ton d’voir d’homme
Refais une autre société :
 
refrain
Puisque celle où tu vis t’emmerde,
Dans l’espoir faut pas qu’ton temps s’perde,
D’fond en combl’faut la chambarder
Après tu n’s’ras plus emmerdé.

Chanson « L’Insurectionnelle » de Charles d’Avray

Parus : A. Dorey, [s.d.].

Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 160-161).