(Refrain)Et ses lèvres, tout bas, bien bas,Semblaient murmurer dans un rêve :« Faudrait-il qu’en lâche, je crève ?« De cette mort, je n’en veux pas !« Je n’en veux pas ! »1C’était un jour sombre et brumeuxDécembre, d’un linceul de glace,Enveloppait les pauvres gueux,Qui sous les ponts, cherchaient leur place ;Seul, un vieillard tout grisonnant,S’en allait la tête penchée.Tout comme un spectre, s’inclinantVers la fasse qu’il a creusée.2Il marchait, d’un pas chancelant,À travers la foule joyeuseQui préparait le nouvel an,Sans souci, de sa face creuse ;Tout à coup son regard, brillaD’une flamme vive et soudaine,Qui reflétait du vieux paria,La terrible et puissante haine.3C’est qu’il venait d’apercevoirLe riche équipage d’un maîtreDont les laquais, en habit noir,Attendraient qu’il voulut paraître ;Alors, s’avançant, en badaud,Tout près de la porte cochère,Il s’accouda, fier, le front haut,Semblant contenir sa colère.4Bientôt, apparut sur le seuil,Un bourgeois à la mine altière,Dont,l’allure, pleine d’orgueil,Insultait sa noire misère ;Soudain, le vieillard s’élança,Et d’une main bien assurée,Saisit sa gorge et lui plantaSon couteau, jusqu’à la poignée.5les deux corps s’étaient affaissés,Et, dans une suprême étreinte,Les mourants gisaient enlacés,L’un grimaçant, l’autre sans plainte ;Mais les laquais, tout furieux,Frappaient le vieux de leurs cravaches,Qui se dressa, l’air radieux,Puis, par trois fois, leur cria : « lâches ! »(Refrain final)Et ses lèvres disaient tout bas,Dans l’extase d’un dernier rêve« C’est ainsi qu’un vagabond crève,« Vivre soumis, je n’en veux pas !« Je n’en veux pas ! »
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La Mort d’un brave
Riemer, Henri
Texte d’Henri Riemer (1889 ?). Musique par François Brunel.
paris : impr. Brunel, [1889 ?].
Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 101).