Vous dormirez en paix, à riches !Vous et vos capitaux,Tant que les gueux auront des michesPour planter leurs couteaux !(Moralité du Couteau de Th. Botrel)Quand le gueux eut décanilléÀ l’aurore approchante,Ce bon bougre de métayerQue le barde nous chante,Fit des expliques à sa femmeQu’il venait d’ézyeuterPar montre d’une si belle âme,Par tant de charité.« Pour protéger les capitauxEt le somme des riches,Quand la Faim brandit ses couteaux,Sacrifions quelques miches ! »L’honnête homme, sans qu’on l’y pousse,Nous dit ta parenté :Fille directe de la Frousse,O sainte Charité !Si ton sein est un beau coussinOù quelques-uns se vautrent ;Elle naît aussi de ton sein,La bassesse des autres !Au gîte affamé, Quand tu rentres,C’est pour précipiterLa saine lâcheté des ventres,Infecte charité !Tu te saoules dégoûtammentMalgré ton eau bénite !Et, saoule, tu t’en vas semantTa pudeur hypocrite :Alors, tu n’es plus qu’une grueDansant à la santéDes mille douleurs de la Rue…Garce de charité !Pauvret qui laissas ton couteauDans la miche alléchante,Partons le quérir aussitôt,Viens avec nous et chante :« Métayer du blé que fécondeL’amour blond de l’Été,Il faut du pain pour tout le mondeEt plus de charité ! »
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Ce bon bougre de métayer
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté. Peut se chanter sur l’air : « Le Couteau » (1900) du chansonnier Théodore Botrel (1868-1925).