Accueil > Chansons > Ce bon bougre de métayer

Ce bon bougre de métayer

Couté, Gaston


Texte de Gaston Couté. Peut se chanter sur l’air : « Le Couteau » (1900) du chansonnier Théodore Botrel (1868-1925).


Vous dormirez en paix, à riches !
Vous et vos capitaux,
Tant que les gueux auront des miches
Pour planter leurs couteaux !
(Moralité du Couteau de Th. Botrel)
 
Quand le gueux eut décanillé
À l’aurore approchante,
Ce bon bougre de métayer
Que le barde nous chante,
Fit des expliques à sa femme
Qu’il venait d’ézyeuter
Par montre d’une si belle âme,
Par tant de charité.
 
« Pour protéger les capitaux
Et le somme des riches,
Quand la Faim brandit ses couteaux,
Sacrifions quelques miches ! »
L’honnête homme, sans qu’on l’y pousse,
Nous dit ta parenté :
Fille directe de la Frousse,
O sainte Charité !
 
Si ton sein est un beau coussin
Où quelques-uns se vautrent ;
Elle naît aussi de ton sein,
La bassesse des autres !
Au gîte affamé, Quand tu rentres,
C’est pour précipiter
La saine lâcheté des ventres,
Infecte charité !
 
Tu te saoules dégoûtamment
Malgré ton eau bénite !
Et, saoule, tu t’en vas semant
Ta pudeur hypocrite :
Alors, tu n’es plus qu’une grue
Dansant à la santé
Des mille douleurs de la Rue…
Garce de charité !
 
Pauvret qui laissas ton couteau
Dans la miche alléchante,
Partons le quérir aussitôt,
Viens avec nous et chante :
« Métayer du blé que féconde
L’amour blond de l’Été,
Il faut du pain pour tout le monde
Et plus de charité ! »