C’est une habitud’ qu’à Romorantin,À Montélimar ou bien à Pontoise,Tout bourgeois envoi’ l’fils de sa bourgeoiseÉtudier quéqu’ chose au Quartier Latin.Un’ fois su’l’Boul’ Mich’, au papa qui penseD’vant la docte foul’ dont son gas seraLe patriotisme inspir’ ce cri là :« Ah ! la belle jeuness’. L’espoir de la France ! »Et la bell’ jeuness’ s’en vient et s’en vaSes représentants ont d’vingt ans à trenteEt tous étudi’ la valeur des rentesQu’ont s’fait dans les Suifs ou les Panamas.L’père les a gagnés. Eux, i’les dépensent.Ainsi va le monde. Et qu’est c’que ça fait ?On s’marie un’ fois qu’on est sous-préfet« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »D’aucuns ont en eux le petit talentDe savoir gueuler : « As-tu vu la ferme ? »Et chez d’aut’l’amour des bell’ lettr’ prend termeOù l’on entend plus de refrains beuglants.D’aut’ encor’ s’appliqu’ de tout’ leur constanceÀ faire un’ cravate autour d’un faux col,Et dépass’ ainsi l’programm’ des écoles« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »Ah ! la bell’ jeuness’ ! Les uns ont des mœursÀ fair’ reverdir la muse à Coppée.Manille et billard, bocks à p’tites lampéesEt l’on va s’coucher quand il est onze heures.Dans la fin’ vadrouill’ les autres se lancentI’ caus’ de danseus’ de boxe et d’chevauxEt s’saoul’ à renifler dans un chalumeau« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »Ça les prend parfois d’vouloir de l’amourI’ n’ manqu’pas d’trouver des p’tit’ goss’ gentillesQui souvent leur donn’… ent’ deux coups d’aiguilleEt lorsqu’i’ les r’trouv’ un soir au d’HarcourtAprès l’soulagement de leur petit’ panseI’r’çoiv’ les pauv grues avec des gros mots :Va donc, eh sal’ vache ! va donc, vieux chameau !« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »I’ont découvert un p’tit truc certainEt très en honneur pour reprend’ l’Alsace.Ça consiste à faire du bruit où l’on passeEn braillant « À bas Chose, ou viv’ Machin »Mais comm’ faut du temps pour fair’ un puits d’scienceSurtout à piocher comme i’ pioch’ parfoisl’n’f’ront qu’une année d’service au lieu d’trois« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »Puis ça partira quelque beau matinPour se marier à quelque bourgeoiseEt ça s’ra bourgeois soi-même à PontoiseÀ Montélimar ou Romorantin.Ça f’ra des discours sur la tempéranceEt ça jugera comme Père la PudeurLes infanticides et affair’ de mœurs« Ah ! la belle jeunesse ! L’espoir de la France ! »
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La Belle jeunesse
Couté, Gaston
Texte de Gaston Couté (avant 1902). Puis musique de Vania Adrien Sens (1978).
Record : Couté, Gaston. Adrien Sens, Vania. Le Tournevire aux vaisselles : Vania Andrien Sens chante Gaston Couté, volume 2