Dédié à Jules Moineau
1Quand on passe dans les grand’s villesOn rêve un peu.C’est là qu’on voit des imbéciles,Des malheureux.C’est là qu’on voit la grand’ misèreCuvant son vinDans le sang des charmantes mèresQui sont sans pain. (bis)2Des hommes crèvent d’abstinenceDans un p’tit coin ;Mais bien d’autres prenn’nt espérance,Bien loin, bien loin !Et d’autr’s, enfin, volent les femmes.Ces sans-chagrin !Font des pauvresses, des infâmes,Qui sont sans pain. (bis)3Dans d’ignobles trous, des mansaardes,On voit mourirDes fillettes qu’la mort regarde,Sans avenir.La jeunesse se prostitue.Ô temps malsain !Et le pauvre se tu’, se tue !Il est sans pain. (bis)4Mais le grand jour des grand’s vengeancesVa vit’ venir,Les bourgeois crèv’ront sans bombances,Ils vont gémir ;Alors nous aurons nos âm’s bonnes,Ô bon tocsin !Réveille les franches personnesPour les sans pains. (bis)5Allons, prolétaires du monde,Réveillez-vous !Tapez, sans passer un’ seconde,Pour les voyoux !Pour ceux qu’on maltraite : canaille,Brigand, coquin ;Pour ceux que souvent on mitraille,Pour les sans pain. (bis)6L’Aurore arrive, la racaille !TranquillementToi qui dors sur d’la mauvais’ paille,Tout doucement,Tu s’ra un jour forcé d’connaîtreLes francs copains,Qui te diront d’mettr’ par la f’nêtreLes assassins. (bis)
Bruxelles, le 24 mars 1895.