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Le Défi de Gavroche

Saint-Denis, Auguste


Texte d’Auguste Saint-Denis (1889). Sur l’air « Plus on monte, plus on descend » par Charles Colmance (1805-1870) sur une texte de Morisset.


Foi d’loupiot, cré coquin j’enrage !
Tout va mal dans c’cavernement.
Beaucoup d’malheureux sans ouvrage,
Beaucoup d’autres sans logement.
On menace de la mitraille
Ces innombrables mécontents.
Moi, je cri à c’pouvoir canaill e :
Arrivez-y donc, eh ! feignants ! (bis)
 
Arriv’ que plant’, moi, je m’insurge
Contre les maux dont nous souffrons.
Bien haut je dis qu’il faut qu’on purge
La terre de tous ces larrons.
Oh ! là. là !… passez-moi ma trique !
Les tripoteurs et les rufians
Menac’nt le colosse anarchique :
Arrivez-y donc, eh ! feignants ! (bis)
 
Moi, j’dis qu’il faut qu’on manifeste
À la barbe de ces goujats
Qui tous ont retourné leur veste
Pour jouer aux p’tits potentats.
Mais v’là les vilains bassets d’l’ordre
Qui de loin nous montrent les dents.
Jappez, aboyez ! mais pour mordre.
Arrivez-y donc, eh ! feignants ! (bis)
 
J’espère bien, à la Prochaine,
Pour aller au-d’vant du sergot
Quand l’Populo bris’ra sa chaîne,
Avoir comm’ chacun mon flingot.
Au milieu des vieux camarades
Essuyant l’jeu des gouvernants,
J’gueul’rai du haut des barricades :
Arrivez-y donc, eh ! feignants ! (bis)

Paru dans L’Attaque : organe hebdomadaire anarchiste (1888-1890), nº 54 (21-28 décembre 1889).