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Le Soldat

Delon, Robert


Texte de Robert Delon (≤1906).


À M. Paul Déroulède

Par ignorance ou vantardise
Quel fantoche a pris pour devise :
Vive la guerre et le sabbat ?
Le Soldat !
 
Aux pays où l’amour abonde
Qui vient troubler la paix du monde ?
Tuer l’enfant sur son grabat ?
Le Soldat !
 
L’œil hagard, la mine défaite,
Qui s’arme quand tout est en fête
Pour défendre le potentat ?
Le Soldat !
 
Déchaînant partout la tourmente,
Qui fait pleurer la jeune amante,
Fleur fragile qu’un souffle abat ?
Le Soldat !
 
Malgré la souffrance des mères,
Pour des loques et des chimères
Qui pratique l’assassinat ?
Le Soldat !
 
Enfin, qui viole, qui ravage,
Et subissant tout esclavage,
Qui meurt en lâche, en renégat
Le Soldat !
 
Et sur sa tombe, au cimetière,
Pour résumer sa vie entière
Que faudrait-il que l’on gravât ?
« Un Forçat ».

Paru aussi in : L’Anarchie (1905-1914), nº 60 (31 mai 1906)