J’suis un bohème, un révolté.J’ai tout scié : Patrie et Famille.E’ m’dégoût’ la vieille société,Faut s’vend’ pour avoir la croustille.J’aurais pu dev’nir un bandit :Mon aïeul était royaliste.J’ai brûlé mes lett’ de crédit,J’suis anarchiste.T’ as p’t-êt’ tort de quitter l’ boulotEt d’cavaler à l’aventure,M’insinuait c’pénard de Trublot.J’entends mieux la voix d’la nature :E’ m’dit, la mèr’, d’aller tout droit.J’ t’obéirai, grand’ moraliste !Ah nom de Dieu, va, j’ai pas froid,J’suis anarchiste.Ils sont traqués les insoumis,Les chiens vendus leur font la chasse ;Mais j’m’en fous, me v’là, les amis,S’i’ y a du danger, j’veux ma place !Pour travailler à démolirJe m’sens des appétits d’artiste ;Tout’ les vach’s ne m’fraient pas faiblir.J’suis anarchiste.
Accueil > Chansons > Profession de foi
Profession de foi
Paillette, Paul
Texte de Paul Paillette (1888 ?).
Trublot : Hector Trublot, personnage de Pot-Bouille (1882) dans la série de roman « Les Rougon-Macquart » d’Émile Zola (1840-1902). Devient aussi le pseudonyme de Paul Alexis(1847-1901) de 1883 à 1888dans le journal Le Cri du peuple, et le nom d’un journal en 1884 (Le Trublot : torchon hebdomadaire à Dédéle, officiel du naturalisme).
Tiré de : Tablettes d’un lézard (1888), chapitre « Les Enfants de la nature ».
Paru aussi in : Godin, Noël. — Anthologie de la subversion carabinée. — Lausanne : L’Âge d’homme, 1988.
Paru aussi in : Manfredonia, Gaetano. — Libres ! Toujours… : anthologie de la chanson et de la poésie anarchistes au XIXe siècle. — Lyon : Atelier de création libertaire, 2011 (p. 109).