À Mrs Gaston Brunsvich (dit Montéhus), Maurice Barrès et Gustave Hervé
(souvenir de la Grande Guerre [1])
Soir et matin combien de gens bavardentPour ne rien dire ils causent bien souventA chaque instant ces bavards nous retardentPar leurs propos vides comme le vent.Mes bons amis je n’en fait pas mystèreA m’écouter vous perdez votre tempsEst-ce la guerre est-ce l’ennui des ansJe ne sais plus rien dire ni rien faire.Quant à singer les bavards de la terreEt vous dire comme eux dans leur bagouMille fois rien quand ce n’est pas mon goûtJ’aime bien mieux me taire. (bis)Je pourrais bien imitant le lyrismeQue nous voyons chez certains écrivainsAu coin du feu faire de l’héroïsmeLe ventre à table en buvant de bons vins.Il me faudrait imiter ces apôtresCes embusqués courageux à l’excèsQui sans danger remportent des succèsJournellement avec la peau des autres.Mais quand je tremble en mon coin solitaireDire aux soldats « Hardi nous les auront »Quand je suis là pendant qu’ils sont au frontJ’aime bien mieux me taire (bis).Si je voulais vous donner la mesureEt vous dire tout ce que nous pensonsTout aussitôt je verrais la censureMe supprimer cette pauvre chanson.Mais enterrer la muse humanitaireEt renier ainsi tout mon passéCela peut bien vous paraître insenséMême aujourd’hui je n’en pourrai rien faire.S’il faut chanter les horreurs de la guerreDire aux enfants aux mères de poilusHeureux ceux-là qui ne reviendront plusJ’aime bien mieux me taire. (bis)