Paysan sème à pleines mains :La terre est fraiche labouréeNotre vie est dans les bons grains,Dans la plaine aux moissons dorées.L’atmosphère au voile d’azurSème la chaleur, la lumière,Les épis, les grains secs et mûrsSeront la miche nourricière.À tous elle donne son sein,La terre est une benne mère.Ses fils Delsol et GrasselinNe veulent pas tuer leurs frères ;Nous n’avons pas le droit de mort,Les bourreaux doivent disparaître,Les prisons, les lois du plus fort,La nature n’a pas de maître.Refusons tous l’impôt du sang,C’est le deuil de l’espèce humaine :Refusons d’échanger l’argent,Il forge la plus lourde chaîneEn avant, pour la liberté,Grands régiments de subalternes !En avant, pour l’égalité,Sortons des bagnes, des casernes.Comme ces éclairs triomphants,Comme ces éclats de tonnerre,Comme ces mers aux flots puissants,Partons pour nos droits sur la terre ;Malgré vos capitaux en mains,Malgré vos lois et vos géolesLes hommes se tendront la main,Nous renverserons vos Idoles.Brûlons le secret du plus fort,Il est renfermé dans la Banque ;Il vole, il conduit à la mort,Il a tout le bien qui nous manque.L’homme n’aura plus d’ennemis,Sedan, Paris et Barcelone.Tous les crimes seront finis,La terre à tous est à personne.C’est le monde des temps nouveaux,Chacun a la môme fortune ;Ils ont sortis de leurs tombeaux.C’est les enfants de la CommuneDe ces martyrs du genre humain,C’est la récolte des semailles,Les Gallifets, les assassins,Voyez la fin de vos batailles.
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Le Bon grain
M.B.
Texte de M. B. (1902 ?).
Paru dans L’Insurgé (Liège), en 1903.
Paru aussi in : Le Réveil syndical (Lens & Hénin-Liétard), nº 21 (1903, 13 sept.).
Les deux réfractaires, le fantassin Delsol qui refuse de porter les armes et l’artilleur Grasselin qui refuse d’ouvrir une culasse de canon condamnés en 1902 — le 28 janvier pour Grasselin ; un peu plus tôt pour Delsol — à deux ans de prison pour « refus d’apprendre à tuer », selon la Ligue internationale pour la défense du soldat, sont d’origine paysanne.