Le Poignard à la main

1

Si le hasard qu’m’a fait l’âme fière

Voulait qu’un jour je fusse mendiant

Je n’irais pas les yeux dans la poussière,

Me ravaler devant chaque passant,

Je n’irais pas les yeux remplis de larmes,

En plein soleil implorer un humain

Mais chaque nuit me riant des gendarmes / Je mendierais un poignard à la main. (bis)

 

2

Si le chômage en un jour de misère

Sur le pavé nous jettes sans recours,

Combien s’en vont oubliant leurs misères,

Tendre la main ou chanter dans les cours.

perdu dans l’ombre et fuyant dès l’aurore

À notre place, oh !, lâches meurts de faim

Chez les bourgeois que le luxe décore

Je mendierais un poignard à la main.

 

3

Combien de fois promenant ma tristesse

J’ai fait espérer sous nos regards irrités

De ces mendiants à l’ignoble bassesse

Qui sur la route outrageaient ma fierté

Arrière au loin, le pauvre assez infâme

Pour demander partout sur son chemin.

Quand j’aurais faim, bien haut je le proclame

Je mendierais un poignard à la main.

 

4

Déshérités vous tous que l’on méprise

Et que l’on traque partout avec fureur

Écoutez-moi la colère me grise

Je veux vous parler et vous ouvrir mon cœur.

Nous avons droit tous autant que nous sommes

Au pain du jour, au pain du lendemain.

Et bien debout, si nous sommes des hommes,

Nous ne l’aurons qu’un poignard à la main.