Au citoyen E[rnest] Museux (Coup de Feu).
De quoi ! dit Filoche à Guguste,Ton père est un vieux ramolli,De quoi ! nous déformer le busteDes douze heures à l’établi ?Vois donc les choses par toi-même,Suer, ça donne des fraîcheurs.Les rupins vivent dans la flême,Et le pouic est pour les bûcheurs.Ohé ! Guguste, ah ! t’es rien… bon !De t’atteler à leur carrosse ;Traité par eux comme une rosse,T’iras crever à Montfaucon.Ohé ! Guguste, ah ! t’es rien… bon !Il n’a pas Rothschild dans sa poche,Ton auteur, le papa Dubreuil,Pourtant, c’est vissé dans la pioche,Ça boit, quand il lui tombe un œil.N’empêche qu’étant à la veilleD’être perclus ; son capital-- S’ils ont un lit de trop, ma vieille —C’est de claquer à l’hôpital.Et le gros pacha de l’usine,Millionnaire, celui-là,Cocher poudré, chef de cuisine,A-t-il travaillé pour cela ?Sait-il ce que c’est qu’une enclume ?Tâche ! il hérita tout gamin,Et l’on ferait un lit de plumeDes poils qu’il vous a dans la main.Dans la besogne, tu te vautres,T’as le chicotin, moi le suc ;Pour faire travailler les autresVa falloir que je pince un truc.Je m’abouche à la haute pègre,À la Bourse, dans leurs bazars ;Va, feignant, masser comme un nègre,Je suis du parti des lézards.Ohé ! Gugusse, ah ! t’es rien… bonDe t’atteler à leur carrosse ;Traité par, eux comme une rosse,T’iras crever à Montfaucon.Ohé ! Gugusse, ah ! t’es rien… bon !
Paris, 1883.