Version parue dans : Le Roy, Achille. La Revanche du prolétariat. 1885.
Dédié au Bureau des sociétés professionnelles [1]
1Inquisiteurs d’un autre Saint-Office,Tapis dans l’ombre, ourdissez vos forfaits :Nous, au grand jour, nous bravons la policeEt des puissants les ignobles valets.Honte sur vous, misérables transfugesQui trahissez l’ouvrier manuel !Jusqu’aux proscrits en leurs lointains refugesQue souille encor votre venin mortel.2Nobles martyrs qu’une clique assassineEnsevelit dans les cachots bourgeois,Entendez-vous s’écrouler en ruinesCe monde infâme, étayé par les lois ?…Pour vous venger, les vagues populaires,Se soulevant à votre cri d’appel,Vont balayer les prisons, les frontières,Et faire place au règne fraternel.3Le travailleur qui succombe à la peine,Ou le chômeur sans asile et sans pain,Sait aujourd’hui qui l’affame et l’enchaîne :Soixante-et-onze aura son lendemain.Au pilori les juges, les gendarmesEt les geôliers du bagne industriel !Plus de pitié ! qu’on passe par les armesTous les bourreaux de Cyvoct, d’O’Donnell !4Vous qui raillez le « Droit à la paresse »,Entretenus du Prolétariat,Disparaissez ! Une voix vengeressePartout répète « À bas le patronat ! »Vous qui du peuple aggravez la souffranceEn conspirant pour le trône et l’autel,Vils députés qui vendriez la France,Nous surveillons votre jeu criminel.5Quand mis au mur, un de nos frères tombe,Il crache encor son mépris aux soudards.Souvenons-nous ! Par le fer, par la bombe,Exécutons gouvernants et mouchards.Ô Liberté que l’univers réclame,Jette aux puissants ton dédaigneux cartel !Guerre aux chauvins, à la Police infâme !Plus de frelons dérobant notre miel !6Honneur à vous, tirailleurs d’avant-garde,Enfants perdus qui tombez vaillamment !Le monde entier tressaille et vous regarde,Criant à tous : « Les braves, en avant ! »Que ta bannière, Internationale,Guide nos bras pour le suprême duelSoyons vainqueurs, et que la SocialeDonne à la Terre un bonheur éternel !
La version de 1884 du Droit anarchiste de Lyon est précédé du texte « La police est au corps social ce que la vermine est au corps humain. ». Le 5e couplet y est absent, mais un autre couplet est rajouté à la fin :
De leurs canons tu méprises la foudre,Ô noir drapeau qui flotta sur Lyon !La dynamite a détrôné la poudre…Ainsi vaincra la Révolution.Marche au combat, symbole du courage !Voici venir le moment solennel.Du prolétaire abolit le servageEt sois pour tous l’étendard immortel